Laurent Leclerc et 14 interprètes non-voyants revisitent l’œuvre majeure de Shakespeare

Dramaturgie, scénographie, écriture et mise en scène Laurent Leclerc · Librement inspiré de Hamlet de William Shakespeare

« Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est. » Cette citation de Marcel Proust extraite de La prisonnière, a toujours été pour moi le seul pacte qui me lie au spectateur.

Les personnes atteintes de handicap quel qu’il soit ont toujours été mises à l’écart, hors de la vue des voyants, jugés ob-scène (du latin « en dehors de la scène »). En découle une  invisibilités. En revisitant très librement Hamlet avec quatorze interprètes, je dessine en creux le visage violent d’une société de la norme qui tente d’éteindre toute flamme en dehors de son périmètre. Je tente ici un redéploiement de la pièce maîtresse de Shakespeare dans une mise en scène qui renverse le regard et les préjugés. La tragédie humaine de Shakespeare qui conduit à la mort d’Ophélie, d’Hamlet et de pratiquement tous les personnages de cette pièce, nous met face à notre propre traitement de l’altérité.

Le but n’est pas forcément de raconter l’histoire de Hamlet que la plupart des publics connaissent dans les grandes lignes mais plutôt d’en récupérer le squelette et de lui donner chair avec des interprètes non-voyants, dans notre époque.

Ce spectacle se veut aussi une exploration de l'univers de personnes non-voyante qui vivent et évoluent dans un monde de voyants. Dans un monde ou l’image est reine. Comment être au monde dans ce contexte ? Comment être, ou ne pas être.